Crise sanitaire et projets immobiliers : une ruée vers la campagne ?

Plusieurs médias en parlent depuis des semaines, et le Président de la Fédération Nationale de l’Immobilier le confirme comme nous l’indique cet article du Figaro : la demande de logements situés à la campagne augmente fortement depuis la crise sanitaire liée au coronavirus et le confinement qui en a résulté. Cela pourrait concerner 200 000 ménages, soit un dixième du nombre de transactions habituellement constatées chaque année. Quelles sont les raisons de cet engouement et doit-on s’attendre à un exode urbain d’importance ?

Le télétravail forcé durant le confinement a entraîné une prise de conscience pour des salariés qui ne l’avaient jamais pratiqué auparavant : travailler de chez soi est possible. La réflexion évolue naturellement vers les contraintes liées au travail en présentiel : nécessité de vivre à proximité du lieu de travail – le plus souvent au cœur ou proche des grandes agglomérations – et soumission aux contraintes de ce milieu de vie : embouteillages, pollution et promiscuité accrue. Et si une autre vie était envisageable ?

Pour autant, la crise sanitaire n’a fait que renforcer une tendance qui s’observe depuis au moins 2018 : la recherche d’un environnement plus « vert ». Les inconvénients de la ville prennent tant d’ampleur que ses attraits ont peine à les contrebalancer. Mais on ne peut parler pour le moment d’un réel exode urbain, plutôt d’un étalement des villes dont les banlieues (dortoirs ?) grandissent.

La véritable recherche des acquéreurs immobiliers

Ce que la crise sanitaire a surtout exacerbé, c’est le besoin d’espace et de verdure de citadins qui n’ont pu durant deux mois profiter des espaces naturels publics. Et les nuisances de la promiscuité entre voisins qui n’ont pu s’absenter de leur domicile. Fatalement, des envies d’ailleurs se sont réveillées.

Nombre de ménages souhaiteraient maintenant acquérir un bien immobilier à la campagne, comme résidence principale ou secondaire. Mais la recherche pourra aussi s’axer – selon les moyens financiers – sur des biens en milieu urbain plus spacieux et disposant d’un extérieur. Là se situe le véritable besoin : pouvoir s’adonner à ses activités favorites sans gêner l’autre, s’isoler si le besoin s’en fait sentir, en bref disposer d’un logement plus grand.

Un effet qui pourrait s’inscrire dans la durée

Le déconfinement a permis à chacun de reprendre un rythme plus axé sur l’extérieur malgré les restrictions encore présentes. Ce qui pourrait faire oublier les frustrations du confinement et les projets d’exodes.

Cependant, il est probable que la crise sanitaire alimente – et fasse aboutir – une réflexion autour de plusieurs enjeux nouveaux ou préexistants. En premier lieu, la promiscuité physique fait craindre une exposition accrue au coronavirus ou à une prochaine pandémie. Ensuite, les préoccupations liées au bien-être encouragent à s’éloigner de la pollution et pourquoi pas à créer son potager personnel. Enfin, à tarif équivalent, un bien immobilier en zone rurale sera bien plus spacieux et comportera le plus souvent un extérieur de grande taille.

Les mètres carrés coûtent moins cher à la campagne, voilà peut-être la raison première de la hausse de la demande. Deux mois de confinement dans un intérieur parfois exigu rendent compréhensible la recherche d’un bien spacieux. Mais véritable aspiration ou effet contextuel, seul l’avenir nous le dira. Une chose au moins est certaine : le marché immobilier en pleine reprise ne s’en plaindra pas !