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Le château de Chinon au cœur de l’Histoire de France

24 août 2020

Vaste et majestueuse construction de pierre dominant la Vienne et la ville qui lui a donné son nom, le château de Chinon est un site occupé depuis trois millénaires. Des gallo-romains à Jeanne d’Arc, en passant par les Templiers, ses pierres restent les témoins silencieux d’épisodes marquants de notre histoire. Plongeon dans une forteresse découpée en trois parties et à ne manquer sous aucun prétexte !

Une forteresse prisée au fil des siècles

Si le promontoire rocheux soutenant le château révèle des traces de mille ans antérieurs à notre ère, il faut attendre la fin de l’époque gauloise pour que de véritables signes de constructions soient évidents. S’ensuit le développement constant du bourg de Chinon et l’élévation d’une première muraille du temps des wisigoths, qui résistera à un assaut romain.

Le château à proprement parler est progressivement érigé entre le VIe et le Xe siècle, pour devenir à ce moment la propriété des comtes de Blois, vassaux du roi des francs. Dès l’an 1044, il est transmis aux comtes d’Anjou qui ont conquis la Touraine, puis à Foulques IV qui achève l’enceinte de la forteresse. Son arrière-petit-fils, Henri II Plantagenêt, est désigné héritier de la couronne d’Angleterre en 1153 et fait de Chinon sa capitale continentale. Le château prend alors la forme connue aujourd’hui. Henri II, avant d’y mourir en 1189, donnera notamment naissance, par son mariage avec Aliénor d’Aquitaine, à Richard Cœur de Lion et Jean sans Terre, tous deux futurs rois. En 1205, Chinon est conquis par le roi de France Philippe Auguste. S’ensuit plusieurs épisodes auxquels Chinon participe, d’alliance et de guerre entre les rois de France et d’Angleterre, sur fond de croisades et de trahisons.

Plusieurs faits notables marquent encore l’histoire du château, lorsque quatre dignitaires de l’ordre des Templiers y sont emprisonnés en 1308 afin d’empêcher le pape Clément V de les absoudre. Malgré l’intervention de trois cardinaux, le roi Philippe le Bel les enverra au bûcher.  

Également, Jeanne d’Arc fera son apparition à Chinon en 1429, alors que la Cour du roi Charles VII y est installée depuis deux ans. Deux entrevues permettront au monarque de se servir de l’élection divine de Jeanne pour renverser le cours de la Guerre de Cent Ans.

Par la suite, Chinon est plus ou moins abandonné et se délabre. Après la Révolution, il est vendu à divers particuliers qui érigeront des habitations dans ses différentes parties. Le site devenant dangereux, la municipalité demande sa destruction en 1854 malgré son classement aux monuments historiques en 1840. L’intervention de Proposer Mérimée permet d’éviter ce drame, et les travaux de restauration débutent. Ils se poursuivent toujours au début de notre siècle.

Une architecture hors du commun

La principale particularité du château de Chinon est sa séparation en trois parties distinctes, fruits de plusieurs constructions à différentes époques qui ont été progressivement protégées par des remparts communs. Les rois ont appelé ces espaces leurs « trois châteaux », que l’on retrouve sous la forme de trois tours sur les armoiries de Chinon. Des douves sèches séparent les trois constructions : le fort du Coudray, le château du Milieu et le fort Saint-Georges, chacun possédant une muraille propre. Celui du milieu accueille les principaux logis et le prieuré Saint-Mélaine.

Neuf tours surplombent les constructions, qui ont chacune leur histoire. Ainsi, la Tour du Coudray est l’œuvre – moderne pour l’époque – de Philippe Auguste. Elle est la plus haute du château et munie d’archères, de cheminées et de latrines. Elle verrouille le fort grâce à une double herse et un pont-levis. Autre tour remarquable, la Tour de l’Horloge constitue l’entrée fortifiée du château du Milieu. Érigée par le prince Jean sans Terre lorsqu’il prépare la forteresse à la guerre en 1200, elle sera modifiée plusieurs fois par la suite et notamment surélevée pour atteindre les cinq niveaux visibles aujourd’hui et accueillir une cloche.

Autre bâtiment remarquable, le fort Saint-Georges accueille un palais à vocation purement administrative et de logis. Enfin, les logis royaux constituent une richesse édifiée par le duc Louis 1er d’Anjou au sein du château du Milieu et prenant une forme de trois ailes autour d’une cour au temps de Charles VII. Seule l’aile sud subsiste, où l’on retrouve un auditoire aussi appelé « salle de la Reconnaissance ».

A voir (et faire) aujourd’hui

Les logis royaux, restaurés depuis l’an 2000, offrent au visiteur plusieurs salles thématiques liées à l’histoire du château :

  • une reconstitution meublée de la chambre de Charles VII ;
  • une autre de la chambre d’Aliénor d’Aquitaine et Henri II, qui se trouvait à l’origine au sein du palais du fort Saint-Georges ;
  • deux salles font revivre l’histoire de la forteresse grâce à des reconstitutions en 3D et objets provenant de fouilles ;
  • deux autres salles présentent une collection d’objets d’art retraçant l’histoire et la perception de Jeanne d’Arc au fil des siècles ;
  • une salle plus militaire expose des armes et détaille l’organisation de l’armée du roi Charles VII ;
  • une dernière salle propose un film retraçant les grands évènements de la vie de la forteresse.

Plusieurs autres possibilités vous sont offertes, comme la visite virtuelle (en réalité augmentée) de huit salles reconstituées, à découvrir en vous promenant avec la tablette dédiée et baptisée Histopad. Pour les plus joueurs, deux escape game vous sont proposés, sur fond d’intrigue liée à la Guerre de Cent Ans ou aux Templiers.

La visite vous permettra en outre d’observer des machines de guerre en action ou de partager un moment avec les vignerons du domaine de Chinon.

Se tenir à l’endroit où Jeanne d’Arc a convaincu le roi de France de sa mission divine, où des Templiers ont été jugés, où des romains ont assailli des murailles procure le sentiment de faire partie de l’Histoire. Héritiers de toutes ces luttes, la paix qui règne maintenant à Chinon encourage par le recueillement notre propre paix intérieure. A votre tour d’en admirer les tours !

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