Le Château de Cheverny, un concentré de trésors à admirer

Si vous prévoyez bientôt un séjour culturel en Sologne, les châteaux de Blois et Chambord figureront immanquablement sur votre feuille de route. A quelques minutes de ces merveilles, vous découvrirez le château de Cheverny qui, dans un style différent, saura ravir le visiteur. Ayant appartenu à la même famille durant six siècles avec seulement deux interruptions, il est l’un des châteaux de la Loire les mieux préservés. Retour sur l’histoire du « palais enchanté » de la Grande Mademoiselle.

Une histoire essentiellement familiale 

Une première forteresse érigée au XVIe siècle devient la propriété de Diane de Poitiers, maîtresse du Roi Henri II. Elle le revend rapidement au fils du précédent propriétaire, dont le rejeton, Henri Hurault ainsi que son épouse, font bâtir le château de Cheverny tel que nous le connaissons, entre 1624 et 1630. L’architecte Jacques Bougier les assiste et ne conserve que peu de traces de la première demeure. Le décès prématuré de la comtesse en 1635 et de Henri Hurault en 1648 laisse la demeure entre les mains de leurs deux filles survivantes (sur les sept enfants conçus).

La décoration intérieure évolue jusqu’en 1650, après qu’Elisabeth, marquise de Montglas, ait racheté sa part à sa sœur Anne-Marguerite, et se soit adjoint l’assistance du peintre blésois Jean Monier pour embellir la demeure. C’est une réussite reconnue de nombreux nobles qui aiment à cette époque se rendre à Cheverny pour de somptueuses fêtes. On notera les fréquentes visites d’une amie d’Elisabeth, surnommée la « Grande Mademoiselle », qui n’est autre que la fille de Gaston d’Orléans et qui qualifia Cheverny de « palais enchanté ».

Un siècle et demi durant, Cheverny changera de propriétaire régulièrement alors que les enfants d’Elisabeth s’en désintéressent. Il faut attendre 1825 pour qu’Anne-Victor Hurault, marquis de Vibraye, se porte acquéreur de la demeure de ses ancêtres qui lui est cédée en viager par Julien Guillot. Auparavant propriété de Jean-Nicolas Dufort de Cheverny durant la Révolution, le château est épargné.

Resté la propriété des Marquis de Vibraye depuis lors, le château de Cheverny ne connaît plus d’évolution majeure et reste richement meublé et décoré. Il devient l’un des château de la Loire les plus visités, avec notamment 300 000 visiteurs recensés en 2013.

Une architecture élégante 

Comment ne pas remarquer la ressemblance entre le château de Cheverny et celui de Moulinsart, ayant bercé l’enfance de tous les passionnés des aventures de Tintin ? Il suffit en effet d’ôter les deux ailes aux extrémités du château pour obtenir la copie conforme de la demeure du Capitaine Haddock, qui fit sa première apparition dans « Le secret de la Licorne ». Merci Hergé !

Hormis ce clin d’œil attendrissant, le château est bâti en pierre de Bourré, originaire du village éponyme de la Vallée du Cher. Sa particularité est de durcir et de blanchir en vieillissant, expliquant ainsi la blancheur des façades de Cheverny.

La façade sud est ornée de bustes d’empereurs romains sculptés « à l’antique », pratique à la mode depuis la Renaissance. Le plan général du château s’inspire du Palais du Luxembourg parisien, mais ses angles coiffés de dômes et son décor de pierre en lignes superposées marquent une innovation qui deviendra une caractéristique de l’architecture classique française.

A découvrir au château de Cheverny 

Ouvert au public depuis 1922, de nombreuses merveilles uniques sont à découvrir au sein du château. Pour n’en citer que quelques-unes :

• L’escalier menant aux appartements est de style classique à montée droite (et non en spirale comme à Chambord et Blois), sous une voûte en berceau, et orné de sculptures champêtres (guirlandes, fruits) associés à des symboles guerriers.
• La salle à manger, dont le mobilier en chêne massif est sculpté aux armes des Hurault tout comme le cuir de Cordoue tendu sur la partie supérieure des murs. Ces derniers sont par ailleurs couverts de 34 panneaux de bois peint (par Jean Mosnier) contant l’histoire de Don Quichotte. La cheminée monumentale surmontée du portait d’Henri IV achève de donner un air de majesté à cette salle unique.
• Le grand salon n’a rien à envier au reste et présente de nombreux portraits, de la famille Hurault mais pas seulement : on notera la présence d’Anne d’Autriche, Gaston d’Orléans, Louis XIII ou encore Cosme de Médicis.
• La bibliothèque contient plus de 2 000 ouvrages, tandis que la salle d’armes, plus vaste pièce du château, expose une collection impressionnante d’armes et armures diverses en plus de la célèbre tapisserie des Gobelins. L’intérêt du visiteur s’attardera également à nouveau sur le mobilier de ces deux pièces, comprenant des fauteuils Régence, une malle ayant appartenu à Henri IV ou une horloge dite « aux trois mystères ».

Dans chaque pièce, des merveilles similaires sont à admirer, valant la visite à elles seules. Le jardin à la française ornant le parc de 100 hectares n’est pas à délaisser non plus, d’autant qu’il encadre une remarquable allée face au château, longue de six kilomètres !

Un jardin à l’anglaise, un potager, une salle des trophées comportant près de 2 000 bois de cerf, un chenil laissant aboyer une centaine de chiens de race et une orangerie enrichissent encore le domaine. Vous pourrez le parcourir à pied ou en bateau selon votre choix, grâce au cours d’eau qui le traverse.

Nul doute que votre séjour au château de Cheverny restera un joyeux souvenir de vos vacances. L’intérieur comme l’extérieur regorgent de points d’intérêt, n’hésitez donc pas à prévoir une journée entière pour en faire le tour. Avec un peu de chance, vous pourrez y croiser le Marquis et la Marquise de Vilbraye dont les appartements prennent place encore aujourd’hui dans l’aile droite du château !

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