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Haussmann l’architecte, un visionnaire qui a changé Paris

28 mars 2022

En 1853, le prince-président Louis-Napoléon Bonaparte confie à l’architecte Georges Eugène Haussmann la mission de faire de Paris la plus belle ville du monde. Le résultat est spectaculaire et la capitale de la France devient plus propre, mieux desservie, bien aérée. En outre, elle s’agrandit sensiblement et y gagne des bâtiments d’une élégance rare et encore aujourd’hui synonymes de prestige. Retour sur l’histoire et les différents aspects de ces transformations d’ampleur, dont les traces perdurent et façonnent l’histoire de l’immobilier parisien.

Le baron Haussmann : une vie au service de la France

Si ses grandes réalisations ont émergé d’un talent personnel indéniable et maintes fois prouvé, Haussmann a bénéficié dès sa naissance, d’un environnement et d’appuis propices pour se tracer une voie directe vers les sommets.

Une enfance guidée par une famille prestigieuse

Georges Eugène Haussmann, né en 1809 à Paris, est issu d’une famille très attachée à sa foi protestante-luthérienne et dont les ancêtres ont fui les persécutions en Saxe puis en Alsace au XVIe siècle. Son père était intendant militaire de Napoléon 1er et fils de Nicolas Haussmann, député de l’ Assemblée législative et de la Convention, et administrateur du département de Seine-et-Oise. Quant à sa mère, elle était fille du général et baron d’Empire Frédéric Dentzel.

Des études brillantes facilitent le démarrage de sa carrière, d’autant qu’il développe durant ces années une solide amitié avec le duc d’Orléans, fils aîné de Louis-Philippe, qui le fera bénéficier de son influence.

Une ascension rapide vers de hautes fonctions d’Etat

Dès 1832, il est nommé sous-préfet de Nérac en Lot-et-Garonne, puis successivement de Saint-Girons en Ariège et de Blaye en Gironde. En 1849, il prend des fonctions de préfet du Var, de l’Yonne en 1950 et enfin de la Gironde en 1851. Il entreprend de grands projets tels que l’installation de lignes de chemin de fer, la création d’usines, la mise en place d’une aide sociale aux mères célibataires et la modernisation de l’éclairage et de l’approvisionnement en eau de Bordeaux.

Haut fonctionnaire ayant ainsi brillé dans plusieurs régions de France, c’est à Paris que son génie démontre finalement toute son ampleur. Après avoir été présenté à Napoléon III par le Ministre de l’Intérieur Victor de Persigny, il est nommé préfet de la Seine en 1853.

Une rénovation d’ampleur : comment Haussmann a changé Paris

Au milieu du XIXe siècle, Paris n’a pas vraiment changé depuis le Moyen-Âge : la plupart de ses artères sont des voies étroites et tortueuses, sombres et insalubres. En vous baladant au cœur de la capitale, vous trouverez facilement quelques-unes de ces artères qui n’ont pas été refaites à l’époque d’Haussmann (mais qui ont tout de même gagné en modernité, heureusement !).

Londres, un modèle à suivre

Lorsque l’Empereur confie à Haussmann le projet de rénovation de Paris, il est influencé par sa visite à Londres, modèle d’urbanisme moderne après sa reconstruction à la suite du grand incendie de 1666. Dès lors, Haussmann part de l’observation de la capitale anglaise pour définir un projet ambitieux, visant avant tout à faciliter l’écoulement des flux d’eau et de déchets, ainsi que de la population, au travers des artères de la ville – et plus secrètement, d’entraver par une organisation des quartiers, une possible révolte future.

De grands (et longs) boulevards, bien organisés

Pour remédier aux problèmes d’hygiène et de circulation, Haussmann décide d’agrandir le réseau de rues principales, comme les rues Saint-Honoré, Saint-Martin et des Italiens, et de les munir d’un vrai réseau d’assainissement. Il voulait par ailleurs que les rues soient suffisamment larges pour permettre la circulation d’un fiacre ou d’un omnibus, et soient munies d’un trottoir de chaque côté pour libérer le milieu de la rue des piétons.

Adepte de la ligne droite, ou « culte de l’axe », l’architecte Haussmann redessine donc une capitale organisée autour de larges avenues courant d’un bout à l’autre de la ville. Elles favorisent donc la circulation et le commerce, mais aussi l’évacuation des déchets et des eaux usées qui bénéficieront dès lors du système d’égouts moderne, encore existant aujourd’hui.

En moins de 20 ans, de nombreux boulevards et avenues voient le jour, de la place de la Nation à celle de l’Étoile, de la gare de l’Est à l’Observatoire, etc. Les Champs-Élysées sont aménagés dans le même temps : Paris change radicalement de physionomie.

Une ville agrandie et qui se modernise

Haussmann reste toujours attentif à l’homogénéité esthétique de l’ensemble de son œuvre, et l’objectif initial de rendre Paris plus jolie et impressionnante est tenu : les principaux monuments historiques sont mis en valeur car dans l’axe des nouvelles avenues, et les nouveaux immeubles répondent à des codes stricts, nous y reviendrons. Des ponts sont par ailleurs construits sur la Seine afin d’en permettre le tracé ininterrompu.

Pour bénéficier de davantage d’espace, pas moins de onze communes limitrophes disparaissent et sont absorbées par Paris (La Villette, Belleville, Montmartre, etc.). D’autres sont en partie annexées : la ville s’agrandit jusqu’à l’enceinte de Thiers, fortification construite sous Louis-Philippe pour prévenir toute prise de la cité par une armée étrangère.

La gare de Lyon et la gare de l’Est sont aménagées grâce au plan de Haussmann, ainsi que les théâtres de la Ville et du Chatelet. De nouvelles églises viennent également enrichir le patrimoine religieux de Paris.

Des parcs, afin que Paris respire

Si certains espaces verts existants ont pâti de la rénovation haussmannienne car se trouvant sur le trajet des avenues en lignes droites, les parcs et jardins ne sont pas oubliés et font partie intégrante de la stratégie de l’architecte urbain.

Afin d’améliorer la qualité de l’air et de vie des parisiens, un parc est aménagé dans chacun des 80 quartiers de la ville. Les parcs des Buttes-Chaumont et de Montsouris voient également le jour à cette occasion, et les bois de Boulogne et de Vincennes deviennent des lieux de promenade incontournables.

L’élégance haussmannienne s’inscrit sur les immeubles

Les transformations haussmanniennes se sont accompagnées de nombreuses démolitions et de l’édification de nouveaux édifices entièrement repensés, immeubles de rapport ou hôtels particuliers pour la plupart. Nombre d’acquéreurs immobiliers parisiens souhaitent aujourd’hui encore orienter leur recherche sur des biens présentant les caractéristiques de cette architecture. Voyons ce qui la caractérise précisément.

Un visuel extérieur particulièrement travaillé

Le style de façade haussmannien est facilement reconnaissable, contrairement à d’autres styles architecturaux. De majestueuses façades en pierre de taille en forment la base, taillées précisément de manière linéaire. Côté hauteur, les immeubles répondent à un calcul en fonction de la largeur de la rue qu’ils surplombent, et ne doivent jamais dépasser six étages.

La physionomie de ces étages n’est d’ailleurs pas laissée au hasard : chacun présente une conception en rapport avec son utilité présumée. Ainsi, le rez-de-chaussée détiendra la plus grande hauteur sous plafond, car destiné aux commerces. Le premier étage, ou « entresol », servait généralement à cette époque de lieu de stockage des marchandises.

Le deuxième étage devait accueillir les habitants les plus fortunés de l’immeuble : on y retrouve des balcons, des moulures travaillées et des encadrements de fenêtres élégants. Le troisième et le quatrième étage perdent quelque peu en richesse architecturale, tout en restant en accord avec le style global. Les menuiseries pourront s’ouvrir sur des balcons dans certains cas.

Le cinquième étage était en règle générale muni d’un balcon filant mais s’adressait à des familles moins fortunées. Quant au sixième étage, il ne devait accueillir que les domestiques.

Des décorations intérieures visant l’élégance

Quiconque entre dans un appartement de style haussmannien n’aura, à l’instar de la façade extérieure, aucun mal à le qualifier comme tel. Les cheminées en marbre, souvent sculptées et présentant un faible encombrement dans les pièces, forment un élément décoratif fort et restent en place après avoir pourtant perdu leur utilité de chauffe.

Les moulures qui courent sur les murs entiers ou les soubassements, sur le plafond et même les cheminées, confèrent aux diverses pièces une élégance décorative très prisée encore aujourd’hui. On retrouve d’ailleurs ces éléments dans la plupart des pièces et non dans le seul séjour. Les chambres notamment, étaient tout aussi richement moulurées.

Enfin, le parquet massif en chevron ou en point de hongrie réchauffe l’atmosphère et reste synonyme de qualité : il peut être rénové par ponçage et, bien entretenu, il jouit d’une durée de vie presque illimitée. Ajoutons qu’à ces éléments structurels se sont ajoutés des éléments décoratifs typiques de l’haussmannien, à l’instar du grand miroir sculpté posé sur le manteau des cheminées ou d’autres éléments de décoration spécifiques.

La rénovation d’ampleur de Paris sous la direction du baron Haussmann s’est déroulée entre 1853 et 1870, et a changé Paris à tout jamais. En moins de 20 ans, 20 000 bâtiments insalubres sont détruits et 30 000 reconstruits, 300 kilomètres de voirie sont aménagés ainsi que 600 kilomètres d’égouts. On estime que 60% de la ville a été modifiée. Attention, pas de bulldozer à cette époque, et tout cela fut réalisé avec des moyens très rudimentaires : pelles, pioches et sueur des ouvriers !

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