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La Cité Royale de Loches : de la citadelle à la prison

10 février 2021
La cité royale de Loches

Au cœur du Val de Loire et à une quarantaine de kilomètres de Tours est bâtie la Cité Royale de Loches. Classé aux monuments historiques depuis 1862, cet ensemble patrimonial trône au sommet d’un éperon rocheux surplombant l’Indre. Il comporte l’un des donjons les mieux conservés de l’époque romane, que son propriétaire le Conseil départemental d’Indre-et-Loire permet au visiteur d’admirer depuis 1950. Suivez le guide !

Un site à vocation guerrière à ses débuts

Les premiers vestiges de fortifications en pierre à l’emplacement de la forteresse de Loches datent du Xe siècle, bien qu’un témoignage atteste de la présence d’un « castrum » – camp fortifié romain comportant un donjon en bois – dès le Ve siècle.

Grâce à Louis le Bègue et aux bons mariages, la famille d’Anjou mit la main sur les terres de Loches, ce qui permis à Foulque Nerra III, comte d’Anjou, de faire édifier un donjon carré dans la première moitié du XIe siècle. Henri II Plantagenêt enrichit le site de murailles et de douves subsistant encore à ce jour.

Philippe Auguste en héritant en 1193 sur la décision de Jean Sans Terre, le domaine fut conquis par Richard Cœur de Lion puis repris par Philippe II de France s’en empara en 1205 et l’annexa au domaine royal, lui offrant ainsi une paix militaire bienvenue pour la sauvegarde de ses murailles.

Une résidence de rois puis de prisonniers

Charles VII, roi de France, affectionne la forteresse de Loches et la fréquente souvent à partir de 1418. Il en fait la seconde place forte royale après Chinon et il y rencontre Jeanne d’Arc après la victoire d’Orléans. Ses séjours se multiplient d’autant plus qu’il y fréquente Agnès Sorel, sa favorite de 20 ans sa cadette et à l’origine dame de compagnie d’Isabelle de Lorraine, duchesse d’Anjou.

D’autres rois ont considéré la place-forte de Loches. Ainsi le logis royal s’agrandit sous Charles VIII et Louis XII, notamment avec l’oratoire d’Anne de Bretagne, merveille de style gothique. La dynastie Valois délaisse ensuite le lieu.

De résidence ducale puis forteresse royale, le domaine de Loches fut transformé en prison au XVIe siècle, et garda cette vocation jusqu’en 1926. Philippe de Commynes, Ludovico Sforza ou encore Jean de Poitiers y furent retenus prisonniers.

Un ensemble divers enrichi au fil du temps

Les différentes péripéties auxquelles fut confronté le domaine fortifié de Loches se traduisent par l’édification de plusieurs bâtiments. Entre le Xe et le XVIe siècle, la forteresse se développa jusqu’à aboutir à l’aspect que nous lui connaissons. Ainsi le logis royal s’installa au nord, non loin de ce qui est appelé le « petit donjon », au regard de la tour principale bâtie par Foulque Nerra, haute de 36 mètres et dominant l’ensemble.

Une Tour ronde est érigée au XVe siècle afin d’accueillir la technologie de pointe de l’époque, l’artillerie. Le donjon ancien ne permettait en effet pas d’accueillir de canons. Vint ensuite le Martelet, tour qui présente la particularité de ne pas être en hauteur mais bien creusée : quatre niveaux représentant 27 mètres abritent des cachots dont celui ayant retenu (et vu la mort) du Duc de Milan capturé en 1500 par Louis XII.

Au sud, les remparts et les trois tours qui les ornent sont dues à Henri II d’Angleterre et à Richard Cœur de Lion. Enfin, une casemate appelée « caponnière » vit le jour durant les guerres de religion, afin de défendre les fossés.

Empli des échos de l’Histoire, conquis et fréquenté par de grands noms de la royauté française et anglaise, la Cité royale de Loches propose aujourd’hui une visite riche d’animations et d’immersion dans les siècles passés. Sans compter l’apaisement apporté par un jardin médiéval soigneusement entretenu. Dépaysement garanti !

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