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Château de Vaux-le-Vicomte: une merveille touristique proche de Paris

29 janvier 2022

En Seine-et-Marne, à moins de 50 kilomètres de la capitale, vous trouverez un château dont certaines caractéristiques sont capables de rivaliser avec le château de Versailles. Et pour cause ! L’architecture du château de Vaux-le-Vicomte a servi de modèle à Versailles, dont l’édification eut lieu quelques années plus tard. Lieu de fêtes, ses salles ont accueilli à leurs heures glorieuses les soirées les plus fastueuses et prisées du royaume, au point que Jean de la Fontaine et Madeleine de Scudéry les évoquent dans leurs récits. Retour sur l’histoire mouvementée de Vaux-le-Vicomte, demeure unique et à admirer sans réserve si l’occasion vous en est donnée.

Un château né des plus grands talents de l’époque

Le surintendant des finances de Louis XIV, Nicolas Fouquet, décide en 1656 de faire bâtir sur ses terres de Maincy près de Melun, une demeure luxueuse. Désireux de produire un chef-d’œuvre architectural, certainement dans le but d’impressionner le Roi et la Cour, il s’entoure des meilleurs, une équipe déjà à l’origine des ailes du château de Vincennes.

Le château est ainsi dessiné par le premier architecte du Roi, Louis le Vau, puis élevé par le maître maçon Michel Villedo, décoré par Charles Le Brun, fondateur de l’Académie de peinture, pour être enfin embelli par le paysagiste André le Nôtre, contrôleur général des bâtiments du Roi. Le château qui en résulte étonne encore à notre époque : ce modèle de classicisme terminé en 1661 procure au patrimoine français l’un de ses joyaux les plus remarquables.

Pas moins de 300 000 personnes admirent Vaux-le-Vicomte chaque année, guidés par 75 employés : il s’agit de la plus importante propriété privée de France, classée aux monuments historiques depuis 1939.

Le triste destin de son propriétaire

Fort de sa position sociale et désirant sans doute renforcer continuellement son influence, Nicolas Fouquet organisait à Vaux-le-Vicomte de nombreuses fêtes dont l’opulence n’avait rien à envier à celles données par Louis XIV. Le plaisir fut toutefois de courte durée, car on ne concurrence pas si aisément le Roi – du moins, non sans en subir les conséquences.

Un soir d’août 1661, le monarque est convié à l’une de ces fêtes, qui se veut pour l’occasion la plus somptueuse qui soit. Un repas froid est proposé, sous la forme d’un buffet, innovant à l’époque. Une représentation de théâtre et un feu d’artifice comptent parmi les nombreuses animations, auxquelles ont pu assister ce soir-là Molière, La Fontaine, Corneille ou encore l’architecte Le Vau.

Cet étalage de luxe signa la perte de Fouquet, qui heurta alors l’égo du Roi. Le contrôleur général des finances, Colbert, encouragea de plus Louis XIV à se méfier de ce surintendant un peu trop puissant et dont l’enrichissement excessif interrogeait quant au détournement des intérêts du royaume.

Nicolas Fouquet est arrêté par D’Artagnan le 5 septembre 1661. Après trois ans d’enfermement, il est condamné au bannissement, mais finira néanmoins ses jours dans la forteresse alpine de Pignerol. Un geste de Louis XIV, peut-être pris d’un soupçon de remord. Le surintendant décède en ce lieu en 1680.

Vaux-le-Vicomte survit à Fouquet

L’arrestation de Nicolas Fouquet engendre la suspension des travaux au château, et des scellés sont apposés pour enquête. Dès 1665, les meubles sont mis aux enchères, après que Louis XIV eut prélevé nombre d’objet précieux pour lui-même, le Louvre et les Tuileries. Le domaine et le château sont tout de même restitués à l’épouse du surintendant en 1673, à la condition qu’elle soit en mesure de payer une importante somme d’argent avant dix ans.

Le XVIIIe siècle et le suivant marquent une période d’instabilité pour la demeure, qui est rachetée par le Maréchal de Villars en 1705 après qu’il ait obtenu un titre de Duc. Il change le nom du domaine en Vaux-le-Villars. En 1764, le château est cédé au Duc de Praslin et sa famille le conserve jusqu’en 1875 avant de le proposer aux enchères publiques. Vaux-le-Vicomte n’est alors plus que l’ombre de lui-même, privé de son mobilier et de sa décoration intérieure, et ses sublimes jardins laissés à l’abandon.

Une restauration de longue haleine est entamée par l’amateur d’art qui s’en porte acquéreur, Alfred Sommier. Sa famille possède toujours le domaine à ce jour, et l’ensemble de ses descendants, Patrice et Cristina de Vogüé en tête et leurs enfants aujourd’hui, poursuivent l’œuvre de leur ancêtre.

De multiples richesses à découvrir

Des parties de plus en plus importantes du château sont ouvertes au public au fil du temps, dans le but de financer les diverses restaurations et d’acquérir de quoi le meubler et le décorer. Les jardins comptent parmi les plus beaux de France et des personnalités étrangères en sollicitent la visite, comme Elizabeth II notamment. Ils couvrent 500 hectares et sont cernés d’un mur d’enceinte long de 13 kilomètres protégeant des bassins, statues et autres alignements d’arbres impressionnants. Celui de 257 platanes, formant une allée de six mètres de large couverte de leurs ramures, est classé aux monuments historiques tant il est majestueux.

Le château devient accessible au public en 1968, et Patrice de Vogüé décide de l’installation d’un Musée des Equipages dans les écuries, abritant des voitures anciennes. Le cinéma s’intéresse au domaine : pas moins de 50 productions de films et téléfilms y ont tourné des scènes au XXe siècle.

La journée « Grand Siècle » vient enrichir le programme annuel des festivités depuis 2005. Démonstrations de fauconnerie, costumes exhibés et déjeuner sur l’herbe permettent un véritable plongeon immersif pour revivre des scènes d’une autre époque. De nombreuses autres activités sont organisées toute l’année. Une collection permanente, un parcours sonore et une vue panoramique sur le domaine depuis le lanternon complètent, entre autres, l’intérêt du passage en ce lieu unique.

S’il se situe près de la Seine plutôt que le long de la Loire, le château de Vaux-le-Vicomte n’a rien à envier aux merveilleuses bâtisses ornant les bords de ce fleuve : les amateurs du genre ne regretteront certainement pas de lui consacrer une journée, ou davantage. Attention, la réouverture du domaine pour la saison 2022 est prévue le 2 avril. Bonne visite !

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